jeudi 26 mars 2020

Faux départ.

   C'était décidé, le départ était programmé, ce devait être à la fin du mois d'avril mais, une fois encore, les éléments en ont décidé autrement. Cette ville maudite où je vis actuellement semble ne plus vouloir me lâcher, après l'épilepsie voilà ce fichu virus, c'est comme si un destin était tout tracé, c'est ici que je dois vivre ou mourir d'ailleurs. Depuis cinq ans je ne fais qu'enchainer les problèmes de santé et j'ai cru que j'arrivais au terme de ma vie de fou, comme si une punition divine m'était infligée alors même que je ne crois pas en ce dieu créateur.
   Je ne demande qu'à quitter ces lieux de vie où je me sens devenu étranger, nulle attache ne devait me retenir, mes enfants ayant approuvé mes choix, mais rien n'y fait, pas même mon énergie retrouvée. J'étais prêt à un décollage, mes ailes ayant repoussé mais je n'arrive toujours pas à les déployer, alors je me retrouve coincé sur un perchoir devenu trop petit, aussi petit que ma vie actuelle. Je ne sers plus à rien, je  n'arrive plus à m'adapter aux situations qui s'enchaînent, loin de baisser les bras je continue à les agiter mais ils ne font plus que brasser de l'air, alors je dois partir c'est une question de survie.
   Je suis face à une course d'obstacles qui sont toujours plus difficiles à passer, à chaque franchissement se présente une nouvelle barrière, plus haute que la précédente. Je n'étais qu'égaré, me voici perdu dans le labyrinthe du Minotaure mais je ne suis plus Thésée, j'ai perdu la corde magique et l'art du combat, je n'arrive plus à me tenir droit et affronter les éléments, je suis devenu vain et vaincu par l'adversité. Il n'est nulle échappatoire qui se dessine et je n'ai plus la force de reprendre mes crayons pour changer ce destin contraire, je me sens abandonné par la chance qui me souriait et me permettait de sortir la tête haute des épreuves de ma vie.
   Alors se succèdent les questionnements, suis-je devenu l'un de ces moutons que tant j'ai vilipendé, ne suis-je plus qu'un objet malmené que l'on finit par abandonner, faute de pouvoir le réparer ? Je n'ai plus de réponse à apporter, plus aucune idée de génie, l'envie me quitte peu à peu par une porte qui s'est entrouverte et que, loin de pouvoir fermer, je laisse s'ouvrir toujours plus, me retrouvant face à un gouffre qui, de plus en plus, m'attire. Je franchirais bien le seuil de cette porte pour me laisser tomber dans ce trou béant, qui ne mène que vers les ténèbres, mais il y a cette flamme qui refuse de s'éteindre malgré les évènements contraires.
   Si encore cette lueur éclairait mon chemin, je saurais vers où me diriger, mais elle n'illumine plus  mon âme, c'est comme si un destin m'attendait ailleurs que cet ailleurs que je prétendais rejoindre. Je ne peux pas me laisser aller au point d'attenter à mes jours, cette immortalité dont je me glorifiais me refusant cette échappatoire, il me faut continuer de vivre sans abandonner l'espoir que des jours meilleurs sauront succéder à tout ces évènements qui paralysent mes envies.
   De faux départ en faux départ il arrivera bien un moment où je sauterais de ce perchoir, espérant que mes ailes auront la force de m'emmener plus loin, toujours plus loin vers ces ailleurs qui ne sont nulle part et partout à la fois.

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