samedi 21 mars 2020

Le début de la fin.

   C'était un jour de la fin de l'hiver, l'air était agréablement chaud pour la saison, cela réjouissait beaucoup de monde, enfin un hiver où il n'était nul besoin de se confiner auprès du feu que l'on avait pas même eu besoin d'allumer. Seuls quelques râleurs patentés s'inquiétaient de cet hiver qui n'en était pas un, les arbustes fleurissaient allègrement, les fleurs que l'on devait abriter d'habitude étalaient avec morgue des fleurs qui refusaient de faner mais il n'était que des écologistes pour s'en préoccuper. La majorité, l'immense majorité ne se plaignant que de ces rabat-joie, écoutant leurs cris de détresse sans sourciller, certains se moquaient sans retenue de ces prophètes annonçant une catastrophe imminente et qui voulaient que chacun change de mode de consommation.
   Les économistes se croyaient plus intelligents dans leur recherche du profit toujours plus grand de cet argent qui, en devenant l'empereur des décideurs, régnait en maître absolu sur toutes les populations de ce monde. Chacun voulait sa part du gâteau et mettait les pauvres au pilori, c'était de leur faute s'il fallait s'acquitter de tant d'impôts que le nirvana financier paraissait inaccessible. Comme pour confirmer le message des écologistes, les pauvres passaient pour les principales pollutions de ce monde paradisiaque que promettaient les financiers. Pour donner l'illusion de réussite à ce peuple de plus en plus exigeant, les biens de consommation furent vendus à crédit laissant chacun dans l'ignorance du prix de ses achats toujours plus nombreux, toujours plus vains, mais le voisin en a un alors je dois aussi en posséder un.
   La consommation paraissait avoir atteint son paroxysme, mais il était toujours une nouveauté qui, malgré sa fatuité, devenait l'objet de convoitise de ce peuple si avide de paraître faute de pouvoir être. Chacun s'endettait assidûment répondant à l'appel des vendeurs avec un argent qu'ils ne possédaient pas, qui n'était pas le leur malgré les apparences, les prix avaient beau s'envoler nul ne s'en souciait et continuait de consommer sans relâche. Tout allait bien dans le meilleur des mondes, pour peu que l'on reste sourd au cris de détresse d'une nature exsangue et de ses derniers défenseurs, aidé en cela par des médias aux ordres du pouvoir.
   Alors Mère nature se décida à se faire mieux entendre et commença à exprimer ses colères de façon parfois violente et meurtrière, mais les humains s'entêtaient dans leur surdité convaincus qu'ils étaient d'être les maîtres absolus de cette Terre. Chacun voulant devenir propriétaire d'une parcelle, même insignifiante, de cette planète qui n'avait pas son mot à dire et devait subir le joug d'une humanité devenue folle de pouvoir. Ainsi, tels des dieux de pacotille, décidèrent-ils de mettre cette nature en cage, au fallacieux prétexte de la mieux préserver, alors qu'il ne s'agissait que d'avoir toujours plus de place pour cette grouillante et trop nombreuse population de moutons à tondre.
   Comprenant que ces vermines ne l'entendraient que si, comme eux, elle se comportait de façon violente et en touchant le cœur de leur vie, à savoir la consommation outrancière, la nature décida de prendre le taureau par les cornes et inventa des maladies contagieuses. Ces maladies se répandirent comme une traînée de poudre à la vitesse de ces échanges commerciaux mondialisés, si juteux pour une infime part de la population.
   Alors l'humanité se renferma dans une coquille qu'elle croyait inviolable, la propriété, et en lieu et place d'une nécessaire et vitale solidarité se mit à chercher des coupables en son sein. Ceux qui refusaient d'adhérer au système en furent les premières victimes, les pauvres, encore, furent mis au ban de l'humanité, pourtant ils n'étaient pas les principales victimes de ces étonnantes maladies contagieuses. Elles frappaient à n'importe quelle porte et entraient sans même y avoir été invitées, causant des dégâts que nul n'avait imaginé et surtout un questionnement qui aurait pu être salvateur pour cette humaine engeance.
   Seulement dans leur soif de pouvoir absolu, les humains trouvèrent des parades qui semblaient les mettre hors d'atteinte de ces épidémies, sauf pour les pauvres puisqu'ils étaient les causes de propagation. Chacun se remit donc à consommer, avec plus d'acharnement encore dans la joie du pouvoir retrouvé, jusqu'à ce que la nature dans sa grande inventivité ne fassent se succéder ces catastrophes sanitaires. Les humains n'eurent d'autre choix que de s'isoler les uns des autres et, surtout d'arrêter leur consommation effrénée déclenchant, bien malgré eux, une diminution de la pollution et des nuisances faites à Dame nature.
   Alors certes la leçon semble avoir porté ses fruits et beaucoup de gens se questionnent enfin et remettent en question cette surconsommation, il ne reste à espérer que ce n'est pas un feu de paille qui s'éteindra avec l'épidémie, mais la joie exprimée de la nature en ces heures sombres laisse penser que sa victoire est acquise, alors faisons lui confiance par notre respect.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire