mercredi 26 juin 2019

Maudits mots dits.

   Nous ne prêtons pas toujours suffisamment attention aux mots que nous utilisons et qui, par leur double voir triple sens, ne sont pas toujours compris dans le sens que leur attribue leur auteur. Car, contrairement à l'écriture, il n'est pas de correction possible dans le discours oral et toute tentative de rattrapage ne fait souvent qu'envenimer les choses.
   Je pense être devenu un expert de ce genre d'incompréhensions, il m'est arrivé de fréquentes fois de faire un usage aussi impromptu qu'incompris de mon verbe. Ce qui rend ces situations difficiles à gérer est la mauvaise fois dont font preuve les deux parties, arguant que le discours est confus pour les uns ou que l'écoute est par trop inattentive pour les autres, ajoutant la confusion à l'incompréhension, tout ça pour quelques mots de trop!
   Il conviendrait donc d'écouter les adages anciens, "tourner sept fois sa langue dans la bouche" par exemple, mais nous sommes dans l'ère de l'immédiateté, les échanges verbaux n'échappent pas à cette règle, ils en sont même les principales victimes. Comme il est devenu fréquent de tout filmer, ces échanges prennent une importance qu'ils n'avaient jamais eue, il y a des preuves! Là encore, il faut faire appel au passé pour comprendre les échecs du présent, le dicton: "les paroles passent et les écrits restent", permettait de laisser les propos verbeux à leur vraie place, dans l'oubli.
   La parole devenue un véritable acte de foi, interdisant toute conversation honnête puisque chaque mot doit être étudié pour ne heurter personne, orne les discours de détours vains qui nuisent au verbe et sa spontanéité. C'était pourtant utile pour débattre de façon décousue, où chacun exprimait ses idées, bonnes ou mauvaises, ridicules ou géniales, mais cela permettait d'aboutir à un accord commun où nul n'était frustré. Aujourd'hui, le débat se doit d'être consensuel au point de ne satisfaire personne, quand une simple contradiction est considérée comme un acte politique engagé, nul ne peut plus dire sa vérité sans être qualifié d'extrémisme.
   Nous sommes donc entourés de personnes intransigeantes jusqu'à l'excès, selon la bien-pensance du moment en tout cas. Les partis politiques en ont eux même été les victimes puisque décrédibilisés par des discours qui n'auraient jamais dus être rendus publics. Plus grave, les écologistes sérieux sont eux aussi mis sur la sellette au moindre propos décalé, rendant leurs actions vaines et dérisoires. Il semblerait qu'il n'y ait plus que les journalistes qui gardent le cap, seulement c'est pour mieux dénoncer toutes paroles qui ne correspondent pas à leurs points de vue, souvent proches de celui des décideurs politiques au pouvoir, mais ce n'est qu'un hasard!
 

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