mercredi 31 juillet 2019

Le baiser.

   J'ai été contraint, il y a peu, de subir la conversation de ce qu'il convient d'appeler un goujat de la pire espèce, j'userais bien de mots plus vulgaires qui éclaireraient sur le niveau de goujaterie de l'individu, mais je n'en ai nulle velléité, les faits parleront d'eux même!
   Pourquoi fréquenter une telle engeance me direz-vous, mais il est l'ami d'un ami et c'est plein de mon habituel sens du service que j'ai accepté d'aller creuser une tranchée chez le susnommé, à l'aide d'une pelleteuse qu'il ne savait pas manier, tout comme le vocabulaire, ce me semble.
   Je vous épargne l'épisode des travaux, il suffiraient à justifier un autre texte, mais je ne saurais donner plus de valeur à cette expérience tant la journée fut longue et laborieuse, dans tous les sens du terme. C'est d'ailleurs des divers sens des mots qu'il me plaît de digresser, d'où le titre qui me permet certaines libertés dont j'entends bien user, voire abuser.
   Or donc ce mot, baiser, est un véritable exemple d'une lutte des classes d'un autre temps, celui de la royauté où baiser une main féminine était une aimable façon de saluer les dames. Baiser les pieds était réservé aux courtisans les plus empressés de la cour, pour saluer le monarque du moment et ne pas risquer de se prendre un pied dans le fondement. Cela exprimait donc un signe d'affection ou de respect jusqu'à l'excès.
   Puis, quelques têtes coupées plus tard, il nous devient possible de dire qu'ils se sont fait baiser, puisque le sens du mot a déjà évolué vers un signe de familiarité, bien qu'il n'exprime pas encore la débauche. Une fois terminées les effusions de sang, le baiser est devenu signe de paix, d'amitié et d'égalité se transformant presque en bisou, seulement certains ont préféré en faire un baiser de Judas, remplaçant la monarchie par l'oligarchie.
   Il semblerait que la vindicte populaire ait amené le sens ultime du verbe baiser qui, de poser ses lèvres sur quelqu'un est devenu la plus vulgaire des façons de faire l'amour. C'est là qu'intervient mon protagoniste précédemment cité, car non-content d'user de ce sens malsain du verbe, il y ajoutait de telles descriptions que j'en ai encore les oreilles salies, une telle façon de parler empêchant les mots d'arriver jusqu'à mon cerveau.
   Voilà, ce n'est donc que pour me nettoyer les conduits auditifs que j'écris ce texte, agissant comme un coton-tige il me permet d'omettre cet évènement. Il faut cependant que je précise quelques détails, à la fin de cette éreintante journée, je déposais un baiser sur la joue de sa petite fille, eut droit à deux baisers de la part de sa femme, pour finalement me faire baiser par l'olibrius qui ne m'a pas payé mon dû! Je vais terminer en vous déposant un baiser que vous pourrez appliquer où vous le souhaiterez, l'important est que vous le receviez.
 

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