samedi 13 juillet 2019

Renaissance.

   S'il est un mot que j'exècre, c'est bien celui-ci, mais ce n'est dû qu'au sens qui lui est attribué, à savoir représenter une période sombre de notre histoire passée. J'en fais pourtant le titre de ce texte dans l'espoir de lui redonner sa vraie valeur, exprimer un retour à la vie, après une extinction de voix qui ne voulait plus me laisser me faire entendre. J'y ai appris à mieux écouter, enfin j'ose l'espérer, et pour incroyable que cela puisse paraître j'ai retrouvé mon audition!
  Il est toujours surprenant de voir les chemins que prennent nos vies dans les hasards de nos pérégrinations, qu'ils soient liés à la famille, aux amitiés, à divers emplois, nous les acceptons tant que nous avons l'impression, vérifiée ou non, d'en contrôler les aléas. C'est pourtant bien dans les moments de doute qu'il faut garder le contrôle.
  Puisque la vie elle même devient incontrôlable, pour la personne concernée, il convient de reprendre les rênes, afin de ne pas devenir la victime expiatoire d'un bourreau refusant de dire son nom. Mais un combat se doit d'être préparé, car c'est bien d'une bataille qu'il s'agit et c'est contre soi-même qu'il faudra lutter. Au début chacun pense pouvoir s'appuyer sur l'entourage, mais l'affaiblissement d'un être aimé semble plus difficile à vivre pour les proches que pour les personnes concernées, ce qui est heureux puisque ce genre de lutte ne peut se livrer que seul.
   Cette nécessaire solitude, pour difficile qu'elle soit à accepter, permet de se concentrer sur le seul vrai problème du moment, comment sortir de cette crise sans y laisser trop de plumes. Vaincre l'invincible semble plus simple pour un artilleur, mais c'est son double qui a été agressé et il semble que je sois plus fort en Fleuriquet qu'en Alain, je crains de n'être pas un héritier du peuple du même nom!
   Alors il m'a fallu me détacher du personnage d'artilleur afin de mieux retrouver le combattant qui est en moi. Ce fut long, baignés d'une rivière de larmes mes souvenirs passés ont ressurgi de l'oubliette où je pensais m'en être débarrassé. Je pensais que mes yeux voulaient juste se dessécher pour masquer cette émotivité qui m'habite depuis l'enfance, mais là n'était point le but de la manœuvre. En fait c'était un bain de larmes pour laver mes yeux afin que je retrouve la vue après l'audition et me souvenir que regarder m'est aussi vital que respirer, je l'avais oublié et la vie m'a aidé à le voir, un peu brutalement sans doute mais aurais-je entendu autrement?
   Il ne me manquait plus alors que l'énergie à récupérer, cette invraisemblable capacité à rebondir dans tous les sens quels que soient les obstacles, surtout infranchissables! Prenant enfin conscience que l'artilleur n'était qu'un double fantasmé puisqu'enfant déjà j'étais explosif, un baril de poudre sur pattes, il n'est pas étonnant que je sois amoureux d'un canon. Une fois cette énergie retrouvée, je n'avais plus qu'à accepter de me laisser aider par des personnes compétentes pour poursuivre mon cheminement.
   C'est grâce à divers soignants que je me suis rappelé que j'étais un battant et qu'une simple maladie, fut elle nuisible, ne saurait m'abattre, je suis un Hêtre vivant qu'aucune hache ne peut entamer. Ainsi, marche après marche, ai-je réussi à sortir la tête de l'eau, le reste a suivi et si ce fut long ce n'est que pour m'apprendre à attendre en modérant mon impatience.
   Voilà, je vais enfin pouvoir passer d'errements à un cheminement qui me mènera plus loin, toujours plus loin, tout en étant jamais loin de me ramener à la raison, puisque je ne saurais avoir de maison.

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