lundi 1 octobre 2012

je suis contraint d'aimer les jardins anglais.

   Je vis en plein paradoxe en ce moment, je reprends mon activité de paysagiste et j'ai déjà des chantiers qui arrivent en quantité suffisante pour démarrer sereinement, tout va bien, donc, me direz vous. Il y a, cependant une bizarrerie dans l'afflux soudain de clients, une partie d'entre eux est de nationalité anglaise, vous connaissez sans doute l'aversion que j'éprouve pour ces gens, imaginez le désarroi dans lequel je me trouve!
   Le pire, c'est que je tombe sur des Anglaises ( oui, tant que le mari n'est pas mort, il est hors de question qu'un jardinier français mette les pieds dans leurs jardins, ils sont plus racistes que moi, les bougres de rosbeef!), je disais donc, avant que ces connards d'Anglais mâles ne m'interrompent ( impolis en plus, ils ont tous les vices), que j'ai des anglaises fort sympathiques comme clientes, il y en a même une qui sait faire à manger de la vraie nourriture!
   Bon, nous avons tout de même un problème de communication, non pas qu'elles ne parlent que leur langue maternelle, mais elles parlent un "anglais botanique", si je puis me permettre ce terme. Il y a une différence notoire dans la conception du paysage entre les Français et les Anglais, pour eux un jardin doit être laissé libre de pousser comme il l'entend, alors que pour nous, les tailles et élagages sont les garants d'un jardin bien entretenu.
   Je me retrouve dans une situation doublement ambiguë, il me faut, à la fois, composer avec le fait que ces dames, pour fort aimables qu'elles soient, n'en restent pas moins des Anglaises et avec cette disparité dans la façon d'entretenir leurs forts jolis jardinets, je ne dois rien tailler au risque de commettre un crime de lèse majesté! Il me faut négocier ferme avec ces têtes de mules, parce que c'est plus têtu qu'un Breton ces satanées angliches!
   Je vous rassure, je continue néanmoins à travailler à la Française, il faut juste que j'attende qu'elles aient le dos tourné pour faire des coupes sauvages dans leurs massifs. Le plus drôle est qu'elles en sont très heureuses quand elles font le constat du travail fini, mais elles passent, souvent, par toutes les couleurs de l'arc en ciel avant, ce qui n'est, finalement, pas pour me déplaire!
   Voilà, je suis, malgré tout, contraint d'aimer les jardins anglais puisqu'ils me sont nourriciers, je mets ma haine sous l'éteignoir et cela me fait, presque, plaisir d'y être contraint, c'est souvent drôle une vieille Anglaise, même si ce n'est pas volontaire de leur part!

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