vendredi 1 février 2019

Mériter l'amour.

   En grand naïf je pensais que c'était un sentiment que l'on offrait à certaines personnes, sans toujours les choisir d'ailleurs, laissant une grande part au hasard. Au-delà des membres de sa famille, parents, enfants, parfois aussi les grands-parents, les frères et soeurs, déjà là, il est question de mérite.
   Il m'aura fallu le traumatisme lié à la découverte du désamour de mon propre père pour comprendre que tous les amours doivent se mériter, même ceux qui semblent indéfectibles, ceux de nos enfants. C'est un sentiment qui s'entretient, mais il ne demande pas de grandiloquence, juste de la sincérité. Mais ce qui importe le plus est le ressenti de ces mêmes enfants et c'est souvent là que le bât blesse. L'impression de n'avoir pas été un mauvais père n'est pas forcément partagée, sans doute ne vont-ils pas jusqu'à dire que j'en suis un, mais il est des sujets où nous achoppons.
   C'est là que s'impose un choix cruel, il faut accepter de s'assoir sur sa gloriole et de prendre conscience que le parent parfait ne saurait exister, aux yeux de leurs propres enfants en tout cas. Ainsi ai-je pu relativiser mes ressentis vis à vis de mes parents et de pardonner vraiment à mon père cette violence qui n'était que du désarroi, à ma maman cette pseudo-passivité devant cette brutalité excessive alors qu'elle veillait discrètement à rétablir un équilibre. Puissent-ils un jour me pardonner ces excès qui ont jalonné ma vie et ce depuis l'enfance.
   Ce sont d'ailleurs ces mêmes excès que peuvent me reprocher mes enfants, il aura fallu que la maladie me fasse peur pour que je prenne conscience que je dois demander pardon à tous ceux qui ont croisé mon chemin un jour.
   Et là, tout à coup, l'Amour lui-même me punit me laissant à penser qu'il est peut-être trop tard pour obtenir le pardon de certaine de ceux que j'aime le plus. J'ai décidé de passer outre et d'obtenir leur pardon malgré eux, par des actes appropriés et désintéressés, avant que de reprendre cette liberté totale et vraie qui m'habite depuis toujours.
   Car si je pars marcher sans autre but que la découverte et les rencontres, c'est qu'ils sont le seul vecteur du savoir vrai, plus que cette pantalonnade d'apprentissage stéréotypé inculqué dans les écoles de la dictature de la pensée de l'état.
   Ce départ n'est donc que mon ultime acte d'amour, celui de l'humanité vraie que je veux rencontrer juste pour me confirmer que nous nous aimons tous, malgré nous parfois mais c'est la vraie nature de l'humain sinon nous nous serions déjà éteints!
 

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