jeudi 9 février 2017

Politiquement correct.

   Je suis en plein apprentissage d'une nouvelle langue, celle du milieu médico-social que je prétends intégrer et, croyez-moi, c'est incroyable le nombre de mots qu'il me faut évacuer de mon vocabulaire.
Pour ceux qui l'ignorent encore, je change de métier, j'apprends à devenir surveillant de nuit pour des personnes dites fragiles mais je ne peux même plus les appeler par leur nom commun!

   Les premiers qu'il m'ait été donné de rencontrer sont les personnes âgées, exit les vieux cités dans un texte précédent, on leur dénie le droit d'être vieux jusque dans notre langage, mais c'est par respect paraît-il! Ils ne sont plus les petits vieux puisque le mot petit est lui aussi à bannir de mon langage mais ils n'en deviennent pas grands pour autant!
   Même les couches que l'on peut leur mettre ne sont plus que des changes. Je dois avouer que, pour quelqu'un comme moi qui adore jouer de la synonymie, ce pourrait être un jeu, si ce n'est que le côté hypocrite de ces formulations ne me met pas particulièrement à l'aise.
   Si l'utilisation de mots différents ne s'accompagnait pas des diverses maltraitances qui leur sont infligées, je pourrai y adhérer mais, comme trop souvent, les mots ne représentent pas les actes!

   Il en va de même pour les différents handicaps, il faut dire personne en situation de handicap, c'est vrai que l'on se rend tout de suite compte que c'est moins heurtant que handicapé!
   Mais, là encore, les mots ne définissent pas les actions, on met des gants pour leur parler, mais on ne prend pas de gants quand il faut en changer plusieurs sur un temps trop limité. On peut heurter leurs corps mais pas leur sensibilité!

   Il n'y a plus non plus de fous en France, ils sont justes névrosés ou atteints de psychoses, on a changé le nom pour que notre regard change, là j'ai des doutes sur l'efficacité du procédé.
   Mais c'est dans la description des symptômes que les spécialistes se sont surpassés. Ainsi les mots mélancolie et euphorie ne sont plus que des états transitoires dans l'évolution de certaines psychoses. Déjà que les homosexuels nous empêchent d'être gais, si le monde médical s'en mêle il ne nous restera plus que la joie pour exprimer son bien-être!

   Bon, je ne veux pas en rajouter, c'est mon futur professionnel et, somme toute, apprendre à parler n'est jamais nuisible. Mais, franchement, dire selles plutôt que merde peut provoquer des incompréhensions, selles alors!!!

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